Analyse


Prévention non pharmacologique de l’influenza


28 11 2012

Professions de santé

Analyse de
Aiello AE, Perez V, Coulborn RM, et al. Facemasks, hand hygiene, and influenza among young adults: a randomized intervention trial. PLoS One 2012;7:e29744.


Conclusion
Cette étude montre que l’emploi préventif de masques buccaux ainsi qu’une hygiène intensive des mains par des personnes non malades s’avèrent utiles lors d’une épidémie de grippe. Le port de masques buccaux pourrait en principe se limiter au malade lui-même, et une hygiène des mains devrait être proposée à tout le monde. Une combinaison des deux est utile chez des personnes très affaiblies et plus sensibles et/ou en cas de circulation d’un type de virus qui peut les rendre gravement malades.



Texte et traduction sous la responsabilité de la rédaction néerlandophone

 

Minerva a souligné en 2009 l’utilité de l’hygiène des mains pour prévenir les infections gastro-intestinales et respiratoires (1,2). Cette étude montre qu’une éducation et l’utilisation d’un savon ordinaire pour le lavage des mains sont des moyens efficaces pour freiner la diffusion des infections gastro-intestinales et, dans une moindre mesure, respiratoires. Lors de la dernière pandémie de grippe, durant laquelle un vaccin adapté n’était pas disponible à temps voulu, une attention particulière a été accordée à l’utilité d’interventions non pharmacologiques pour freiner la diffusion des infections.

Dans une nouvelle étude avec randomisation en grappes, réalisée chez des étudiants universitaires en bonne santé (n=1 178), l’effet préventif du port d’un masque buccal à l’intérieur (6 heures par jour minimum) + l’emploi d’un gel d’alcool pour désinfecter les mains a été comparé au port d’un masque buccal et à un groupe contrôle (pas d’intervention) (3). Lors de l’épidémie de grippe (suivi de 6 semaines), les auteurs ont enregistré le nombre d’infections grippales et les cas avérés d’influenza.

Durant les quatre dernières semaines de la période de suivi, un effet avéré a été constaté sur les infections grippales avec une réduction maximale (semaine 6) de 75% (IC à 95% de 13% à 93%) dans le groupe qui portait un masque buccal + hygiène des mains versus le groupe- témoin. Le fait de porter seulement un masque buccal n’avait aucun effet.  En ce qui concerne l’intervention combinée, une tendance (sans signification statistique) à l’efficacité contre la grippe avérée a également été constatée.

Cette étude fait suite à une étude publiée antérieurement qui avait mené à des résultats similaires, mais qui montrait toutefois pendant certaines semaines un effet plus bénéfique lorsqu’un masque buccal seul était utilisé (4). Il est dommage que les auteurs n’aient pas inclus dans le protocole de leur étude un groupe séparé avec seulement hygiène des mains, ce qui laisse seulement supposer l’utilité de cette intervention.

Il est très difficile de porter longtemps un masque buccal et de le maintenir correctement; celui-ci n’a une utilité prouvée que lorsqu’il est porté par des personnes malades pour se protéger contre les personnes de leur entourage (5). La plus-value n’est non plus pas prouvée en ce qui concerne l’emploi de respirateurs N95 plus coûteux par rapport aux masques buccaux ordinaires utilisés en chirurgie (6).

Par contre, l’hygiène des mains est plus facile à promouvoir et peut être maintenue plus  longtemps. L’intérêt de l’ajout de virucides au savon pour les mains n’a pas été montré de manière convaincante (6). Les résultats les plus convaincants de mesures préventives non pharmacologiques sont surtout observés chez les enfants qui diffusent plus longtemps des virus lors d’une grippe et qui ont un contact plus étroit avec les personnes de leur entourage (6).

 

Conclusion

Cette étude montre que l’emploi préventif de masques buccaux ainsi qu’une hygiène intensive des mains par des personnes non malades s’avèrent utiles lors d’une épidémie de grippe. Le port de masques buccaux pourrait en principe se limiter au malade lui-même, et une hygiène des mains devrait être proposée à tout le monde. Une combinaison des deux est utile chez des personnes très affaiblies et plus sensibles et/ou en cas de circulation d’un type de virus qui peut les rendre gravement malades.

 

 

Références

  1. Govaerts F. Diffusion des infections : freinée par l’hygiène des mains ? MinervaF 2009;8(9):126-7.
  2. Aiello AE, Coulborn RM, Perez V, Larson EL. Effect of hand hygiene on infectious disease risk in the community setting: a meta-analysis. Am J Public Health 2008;98:1372-81.
  3. Aiello AE, Perez V, Coulborn RM, et al. Facemasks, hand hygiene, and influenza among young adults: a randomized intervention trial. PLoS One 2012;7:e29744.
  4. Aiello AE, Murray GF, Perez V, et al. Mask use, hand hygiene, and seasonal influenza-like illness among young adults: a randomized intervention trial. J Infect Dis 2010; 201:491-8.
  5. Cowling BJ, Zhou Y, Ip DK, et al. Face masks to prevent transmission of influenza virus: a systematic review. Epidemiol Infect 2010;138:449-56.
  6. Jefferson T, Del Mar CB, Dooley L, et al. Physical interventions to interrupt or reduce the spread of respiratory viruses. Cochrane Database Syst Rev 2011, Issue 7.
Prévention non pharmacologique de l’influenza

Auteurs

Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
COI :

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