Nous avons commenté en 2013 dans la revue Minerva (1) une étude de cohorte (2) montrant le bénéfice de l’introduction de la pratique d’exercices physiques intenses chez des vétérans en cas d’hypercholestérolémie (prévention primaire ou secondaire) sans traitement par statines, bénéfice encore majoré lors de la prise d’une statine. Elle montrait aussi une plus-value significative de la pratique d’exercices sans statine versus prise d’une statine sans pratique d’exercices physiques.

Nous avons aussi fait référence dans l’analyse (3) d’une RCT (4) aux méta-analyses évaluant l’intérêt de la pratique d’exercices physiques en cas d’insuffisance cardiaque. Nous avions conclu qu’un programme d’exercices physiques améliorait la survie et réduisait les hospitalisations chez des sujets âgés d’environ 60 ans avec insuffisance cardiaque (preuve de pertinence clinique douteuse cependant).

Naci et Ioannidis (5) se sont livrés en 2013 à l’exercice plus complexe que constitue une analyse méta-épidémiologique de la littérature : analyse des méta-analyses (+ 3 études récentes) en réseau en modèle d’effets aléatoires. Ils rassemblent les résultats de 305 RCTs (339 274 participants au total). Parmi ces études, 57 évaluent des patients randomisés dans des groupes intervention physique (14 716 personnes) versus traitement médicamenteux dans 4 domaines, avec des résultats en termes de mortalité.

Leur recherche est de bonne qualité, montrant, entre autres, l’absence de non concordance entre les comparaisons directes et les comparaisons indirectes.

Pour la prévention secondaire post pathologie coronarienne et le prédiabète, il n’y a pas de différence statistiquement détectable entre la pratique d’exercices physiques et les interventions médicamenteuses.

Pour la réhabilitation post AVC, les interventions avec pratique d’exercices physiques sont plus efficaces que les médicaments : OR versus anticoagulants de 0,09 avec I Créd (intervalle de crédibilité) à 95% de 0,01 à 0,70 et OR versus antiagrégants plaquettaires de 0,10 avec I Créd à 95% de 0,01 à 0,62.

Pour le traitement de l’insuffisance cardiaque, les exercices sont moins efficaces que les diurétiques : OR de 4,11 avec I Créd à 95% de 1,17 à 24,76.

Les auteurs soulignent que le nombre de RCTs est limité et que leur conclusion reste une suggestion.

Ce type d’analyse permet une réflexion fort générale mais comporte de nombreuses limites : différents contextes d’étude, pathologies des niveaux variables de sévérité, types d’exercices différents, traitement médicamenteux dans les groupes exercices physiques. Cette étude n’apporte donc pas au clinicien d’élément plus précis ni de certitude plus fondée que les résultats parfois contradictoires des trop rares études concernant des interventions non médicamenteuses.

 

Conclusion

Cette analyse méta-épidémiologique repose sur un nombre total faible d’études, dans différents domaines. Elle suggère une efficacité similaire en termes de mortalité de la pratique d’exercices physiques versus interventions médicamenteuses dans les domaines de la réhabilitation post AVC, de la prévention secondaire post pathologie coronarienne et dans le prédiabète.

 

Références

1. La Rédaction Minerva. Hypercholestérolémie chez des vétérans : exercices physiques, statines ou les deux ? Minerva online 15/11/2013.
2. Kokkinos PF, Faselis C, Myers J, et al. Interactive effects of fitness and statin treatment on mortality risk in veterans with dyslipidaemia: a cohort study. Lancet 2013;381:394-9.
3. Van Royen P. Insuffisance cardiaque : exercices physiques bénéfiques et sans danger ? MinervaF 2010;9(4);50-1.
4. O’Connor CM, Whellan DJ, Lee KL, et al; HF-ACTION Investigators. Efficacy and safety of exercise training in patients with chronic heart failure: HF-ACTION randomized controlled trial. JAMA 2009;301:1439-50.
5. Naci H, Ioannidis JP. Comparative effectiveness of exercise and drug interventions on mortality outcomes: meta epidemiological study. BMJ 2013;347:f5577.