Analyse


Durée de la protection d’un vaccin anticoquelucheux acellulaire chez les enfants


15 03 2015

Professions de santé

Analyse de
Quinn HE, Snelling TL, Macartney KK, McIntyre PB. Duration of protection after first dose of acellular pertussis vaccine in infants. Pediatrics 2014;133:e513-9.


Conclusion
Cette étude australienne montre qu’avec la primovaccination d’un vaccin anticoquelucheux acellulaire chez les enfants, l’immunité augmente progressivement après chaque dose, mais qu’après deux à trois ans, l’efficacité du vaccin diminue. En Belgique, les avis du Conseil supérieur de la santé relatifs au vaccin contre la coqueluche sont maintenus.


Durée de la protection d’un vaccin anticoquelucheux acellulaire chez les enfants

Depuis l’utilisation du vaccin anticoquelucheux acellulaire (toujours en association avec le vaccin contre la diphtérie et le tétanos, alias vaccin DTPa), des préoccupations ont été formulées quant à sa durée d’action écourtée par rapport à celle du vaccin à cellules entières utilisé auparavant. Minerva a déjà analysé en 2014 des études qui montraient que, chez les adolescents et les adultes, l’effet du vaccin de rappel diminuait plus rapidement que ce qui était escompté, et ce, certainement chez les personnes qui avaient été vaccinées uniquement avec un vaccin acellulaire dans la prime enfance (1,2).

Une étude cas-témoins australienne, publiée en 2014, a porté sur l’efficacité clinique du vaccin DTPa administré à l’âge de 2 mois, de 4 mois et de 6 mois avec un rappel à l’âge de 4 ans (3). Cette étude menée auprès d’enfants âgés de 2 à 4 ans a comparé 4584 cas de coqueluche confirmés versus 90 464 témoins. Après une, deux et trois doses, l’efficacité du vaccin était respectivement de 53,7% (avec IC à 95% de 43,8% à 61,9%), de 75,3% (avec IC à 95% de 65,7% à 82,3%) et de 83,5% (avec IC à 95% de 79,1% à 87,0%) pour la tranche d’âge de 2 à 11 mois. À l’âge d’un an, l’efficacité était encore de 79,2% (avec IC à 95% de 75,0% à 82,8%), après deux ans, de 70,7% (avec IC à 95% de 64,5% à 75,8%), et, après trois ans, elle n’était plus que de 59,2% (avec IC à 95% de 51,0% à 66,0%). Une épidémie de coqueluche s’étant déclarée en Australie pendant l’étude, son incidence a été augmentée par rapport à la moyenne. En plus des signes cliniques tels qu’une toux persistante (durant plus de deux semaines), une recherche a également été effectuée par PCR sur frottis nasopharyngé, ce qui a permis de détecter un plus grand nombre de cas (également des cas légers). Au cours de la première année de vie, la protection apportée par le vaccin n’était cependant pas augmentée de manière statistiquement significative pour la coqueluche sévère nécessitant une hospitalisation versus tout cas de coqueluche.

Le schéma recommandé en Belgique pour la vaccination contre la coqueluche est différent, à savoir à l’âge de 2, 3, 4 et 15 mois, incluse dans un vaccin hexavalent, avec un rappel à l’âge de 5 à 7 ans, incluse dans un vaccin tétravalent (4). Il est donc difficile d’extrapoler les résultats de l’étude australienne au contexte belge. Une étude cas-témoins américaine, publiée en 2012, avait calculé que le vaccin administré selon le schéma belge voyait son efficacité diminuer de 42% par an après l’administration de la cinquième dose (5). La première année de vie est cependant la plus importante pour être protégée contre la coqueluche car c’est peu après la naissance que les complications graves et les décès découlant d’une infection par Bordetella pertussis sont les plus nombreux. Ces données renforcent l’avis du Conseil supérieur de la santé de débuter la vaccination à temps (à l’âge de 2 mois) et de se conformer strictement au schéma recommandé (4). Pour mieux protéger les nouveau-nés, les personnes étant en contact avec eux, comme les membres de la famille et le personnel soignant sont également vaccinés, ce qui est dénommé vaccination « cocoon » (6-8). Récemment, le vaccin contre la coqueluche a aussi été recommandé chez la femme enceinte au troisième trimestre de la grossesse (5) en raison de l’effet favorable de l’immunisation passive du bébé au travers du placenta (montré récemment mais pas encore publié).

Ces résultats devraient en tout cas inciter de nouvelles recherches visant l’amélioration du vaccin actuel, par l’ajout d’adjuvants immunostimulants par exemple.

 

Conclusion 

Cette étude australienne montre qu’avec la primovaccination d’un vaccin anticoquelucheux acellulaire chez les enfants, l’immunité augmente progressivement après chaque dose, mais qu’après deux à trois ans, l’efficacité du vaccin diminue. En Belgique, les avis du Conseil supérieur de la santé relatifs au vaccin contre la coqueluche sont maintenus.

 

Références

  1. Michiels B. Efficacité de la vaccination contre la coqueluche chez les adolescents et les adultes. MinervaF 2014;13(6):71-2.
  2. Baxter R, Bartlett J, Rowhani-Rahbar A, et al. Effectiveness of pertussis vaccines for adolescents and adults: case-control study. BMJ 2013;347:f4249.
  3. Quinn HE, Snelling TL, Macartney KK, McIntyre PB. Duration of protection after first dose of acellular pertussis vaccine in infants. Pediatrics 2014;133:e513-9.
  4. Conseil Supérieur de la Sante 2013. Vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche.
  5. Klein NP, Bartlett J, Rowhani-Rahbar A, et al. Waning protection after fifth dose of acellular pertussis vaccine in children. N Engl J Med 2012;367:1012-9.
  6. Conseil Supérieur de la Santé 2013. Vaccination antidiphtérique de l’adulte
  7. Michiels B. Vaccin anticoquelucheux pour les adolescents et les adultes. MinervaF 2006;5(10):158-60.
  8. Ward JI, Cherry JD, Chang Sj, et al. Efficacy of an acellular pertussis vaccine among adolescents and adults. N Engl J Med 2005;353:1555-63.

Auteurs

Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
COI :

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