Analyse


Arrêt des antipsychotiques chez les personnes âgées atteintes de démence


15 05 2014

Professions de santé

Analyse de
Declercq T, Petrovic M, Azermai M, et al. Withdrawal versus continuation of chronic antipsychotic drugs for behavioural and psychological symptoms in older people with dementia. Cochrane Database Syst Rev 2013, Issue 3.


Conclusion
Cette synthèse méthodique montre que les neuroleptiques administrés pour des troubles du comportement chez les personnes âgées atteintes de démence peuvent être arrêtés dans la plupart des cas sans inconvénient majeur. Cependant, pour certains patients (avec agitation importante, psychose..), la poursuite du traitement peut être favorable. Il convient néanmoins de mettre en balance cet avantage et les inconvénients possibles dans chaque cas individuel.


 


Texte sous la responsabilité de la rédaction néerlandophone

 

Nous avons déjà commenté dans la revue Minerva le fait de ne pas instaurer de traitement par antipsychotiques ou de l’arrêter progressivement chez les personnes âgées atteintes de démence. Versus placebo, l’administration d’antipsychotiques atypiques pendant au moins deux semaines (étude CATIE) peut accélérer la détérioration des fonctions cognitives chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, de psychose, d’agitation ou d’agressivité… sans observer d’amélioration globale sur le plan clinique (8,1). Les personnes âgées atteintes de démence ont également un risque plus élevé de décéder précocement lorsqu’elles sont sous antipsychotiques (9,2). En outre, tous les antipsychotiques entraînent un risque de développer à court terme un AVC, d’autres effets indésirables graves (fracture de hanche, effets extrapyramidaux) et de décès (10,3). Enfin, une autre étude montrait la faiblesse des preuves de l’efficacité des neuroleptiques chez les patients déments présentant des troubles du comportement (11,4).

Nous savons par ailleurs qu’il est possible d’arrêter une utilisation chronique des neuroleptiques chez les personnes âgées atteintes de démence. Chez la plupart des personnes âgées, cet arrêt n’engendre pas d’effet négatif sur leur comportement, leurs fonctions cognitives et leur état psychologique (12,5). La formation du personnel des MRS et le soutien qui leur est apporté peuvent contribuer à l’arrêt progressif des neuroleptiques chez les patients atteints de démence (13,6).

 

Une récente mise à jour d’une synthèse méthodique de la Cochrane Collaboration (7) évalue l’effet de l’arrêt des neuroleptiques chez les personnes âgées atteintes de démence avec des symptômes neuropsychiatriques (N = 9 ; n = 606) ; elle montre que cet arrêt est possible chez la plupart des patients sans apparition de troubles francs du comportement. Nous ignorons si les fonctions cognitives ou la psychomotricité s’en trouvent améliorées. Chez les personnes présentant une agitation sévère ou une psychose et chez celles qui réagissaient manifestement bien aux antipsychotiques, la poursuite de ces médicaments peut toutefois être favorable.

Lors de l’arrêt des neuroleptiques, un enregistrement d’effets indésirables est peu fréquent : dans une seule étude, le groupe continuant à prendre des antipsychotiques avait, à un an, une tendance à une mortalité plus élevée, mais de manière non significative. Minerva avait déjà signalé cet effet indésirable (2).

 

Conclusion

Cette synthèse méthodique montre que les neuroleptiques administrés pour des troubles du comportement chez les personnes âgées atteintes de démence peuvent être arrêtés dans la plupart des cas sans inconvénient majeur. Cependant, pour certains patients (avec agitation importante, psychose..), la poursuite du traitement peut être favorable. Il convient néanmoins de mettre en balance cet avantage et les inconvénients possibles dans chaque cas individuel.

 

 

Références

  1. Chevalier P. Antipsychotiques et démence : aggravation plus rapide des troubles cognitifs. Minerva online 28/01/2012.
  2. Chevalier P. Antipsychotiques en cas de maladie d’Alzheimer et risque de décès. MinervaF 2009;8(8):114.
  3. Chevalier P. Antipsychotiques et démence. MinervaF 2009;8(4):51.
  4. De Paepe P, Petrovic M. Traitement médicamenteux des symptômes neuropsychiatriques de la démence. MinervaF 2006;5(2):23-6.
  5. Chevalier P. Continuer ou arrêter les neuroleptiques chez des patients déments ? MinervaF 2009;8(1):11.
  6. Petrovic M, De Meyere M. Sevrage de neuroleptiques chez des résidents de home déments. MinervaF 2007;6(7):110-1.
  7. Declercq T, Petrovic M, Azermai M, et al. Withdrawal versus continuation of chronic antipsychotic drugs for behavioural and psychological symptoms in older people with dementia. Cochrane Database Syst Rev 2013, Issue 3.
  8. Vigen CL, Mack WJ, Keefe RS, et al. Cognitive effects of atypical antipsychotic medications in patients with Alzheimer’s disease: outcomes from CATIE-AD. Am J Psychiatry 2011;168:831.
  9. Ballard C, Hanney ML, Theodoulou M, et al; DART-AD investigators. The dementia antipsychotic withdrawal trial (DART-AD): long-term follow-up of a randomised placebo-controlled trial. Lancet Neurol 2009;8:151-7.
  10. Rochon PA, Normand SL, Gomes T, et al. Antipsychotic therapy and short-term serious events in older adults with dementia. Arch Intern Med 2008;168:1090-6.
  11. Sink KM, Holden KF, Yaffe K. Pharmacologic treatment of neuropsychiatric symptoms of dementia. A review of the evidence. JAMA 2005;293:596-608.
  12. Ballard C, Margallo Lana M, Theodoulou M, et al. A randomised, blinded, placebo-controlled trial in dementia patients continuing or stopping neuroleptics (the DART-AD trial). PLoS Med 2008;5:e76.
  13. Fossey J, Ballard C, Juszczak E, et al. Effect of enhanced psychosocial care on antipsy-chotic use in nursing home residents with severe dementia: cluster randomised trial. BMJ 2006;332:756-61.

 

 

 

 

Arrêt des antipsychotiques chez les personnes âgées atteintes de démence

Auteurs

Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
COI :

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