Analyse


Intérêt de l’(adéno-)amygdalectomie en cas d’angines récurrentes et fréquentes ?


15 10 2015

Professions de santé

Analyse de
Burton MJ, Glasziou PP, Chong LY, Venekamp RP. Tonsillectomy or adenotonsillectomy versus non-surgical treatment for chronic/recurrent acute tonsillitis. Cochrane Database Syst Rev 2014, Issue 11.


Conclusion
Cette synthèse méthodique de la Cochrane Collaboration montre que l’amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie diminue d’environ 5 jours le nombre de jours de mal de gorge dans l’année suivant l’intervention versus guérison spontanée. Les risques de l’amygdalectomie sont rares, mais bien documentés. Chez les enfants et les adultes présentant des angines récurrentes et fréquentes, il n’y a pas lieu de proposer l’amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie de manière quasi automatique.


 

L’ablation chirurgicale des amygdales, avec ou sans adénoïdectomie, est une opération fréquente chez les patients présentant un problème d’angines récurrentes et fréquentes. Pourtant, l’utilité de cette intervention, tant chez l’enfant que chez l’adulte, reste sujet à controverse (1,2).

Une synthèse méthodique de la Cochrane Collaboration publiée en 2014 (3) a comparé l’amygdalectomie et l’adéno-amygdalectomie versus un traitement non chirurgical chez les enfants et les adultes présentant un problème d’angines récurrentes. Chez les enfants (N = 5 études, n = 987 enfants), en moyenne 0,6 épisode de mal de gorge (avec IC à 95% de 0,1 à 1,0) en moins (3 épisodes dans le groupe intervention versus 3,6 dans le groupe témoin) ont été observés au cours de l’année qui a suivi l’intervention. Par comparaison avec le groupe des patients qui n’ont pas été opérés, les enfants ont souffert de mal de gorge pendant 18 jours au lieu de 23 (différence de 5,1 jours avec IC à 95% de 2,2 à 8,1) durant l’année qui a suivi l’intervention et ils ont manqué l’école 2,3 jours de moins (avec IC à 95% de 1,2 à 3,4).

Chez les adultes, un effet similaire dans la diminution du nombre d’épisodes de mal de gorge a pu être observé jusqu’à 5 à 6 mois après l’intervention. Les adultes ont ainsi souffert de mal de gorge pendant 10,6 jours de moins (avec IC à 95% de 5,8 à 15,8) au cours des 5 à 6 mois qui ont suivi l’intervention. Cependant, la douleur post-opératoire n’a pas été prise en compte. Chez les adultes, le niveau de preuve est limité en raison du petit nombre d’études (N = 2 études ; n = 156 adultes).

Les données ne permettent pas d’évaluer l’intérêt de cet acte chirurgical en termes de prévention des angines.

Dans cette mise à jour de la synthèse méthodique de la Cochrane Collaboration de 2009, 2 études récentes ont été ajoutées, l’une menée auprès d’enfants et l’autre auprès d’adultes. Les critères d’inclusion varient de 3 à 8 angines au cours de l’année précédente et de 6 à 10 angines au cours des 2 années précédentes. Etant donné la nature de l’intervention, elle n’a pas pu être effectuée en double aveugle ; il en est de même pour l’évaluation de l’effet. Le nombre de données manquantes a dépassé 50% au cours de la deuxième année. De plus, la contamination était importante du fait que 6 à 15% des enfants du groupe témoin ont quand même été opérés au cours de la première année.

Vu le peu d’efficacité de l’amygdalectomie sur le mal de gorge, et au regard de la probabilité réelle de guérison spontanée, les auteurs conseillent de n’envisager cette intervention que chez les enfants présentant une angine sévère et, pour ce faire, d’avoir éventuellement recours aux critères de Paradise (7 infections au cours de l’année précédente, ou 5 infections par an au cours des 2 années précédentes ou 3 infections par an au cours des 3 années précédentes, ou au moins un mois d’absence à l’école ou au travail au cours d’une période déterminée) (4). La balance bénéfices-risques de l’amygdalectomie doit également prendre en compte les complications, qui, bien que faibles, ne sont pas totalement négligeables : 1 à 2% de risque de saignements post-opératoires tandis que le risque de mortalité peut atteindre 3/10 000, et le risque de devoir réintervenir est de 3,2% (5).  

 

Conclusion

Cette synthèse méthodique de la Cochrane Collaboration montre que l’amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie diminue d’environ 5 jours le nombre de jours de mal de gorge dans l’année suivant l’intervention versus guérison spontanée. Les risques de l’amygdalectomie sont rares, mais bien documentés. Chez les enfants et les adultes présentant des angines récurrentes et fréquentes, il n’y a pas lieu de proposer l’amygdalectomie avec ou sans adénoïdectomie de manière quasi automatique.

 

Références 

  1. De Meyere M. Het nut van tonsillectomie bij recidiverende keelinfecties. Minerva 1999;28(4):181-2.
  2. Matthys J. Encore des indications pour une (adénoïdo)tonsillectomie chez les enfants? MinervaF 2005;4(8):126-8.
  3. Burton MJ, Glasziou PP, Chong LY, Venekamp RP. Tonsillectomy or adenotonsillectomy versus non-surgical treatment for chronic/recurrent acute tonsillitis. Cochrane Database Syst Rev 2014, Issue 11.
  4. Zwart S, Dagnelie CF, Van Staaij BK, et al. NHG-Standaard Acute keelpijn. Derde herziening 2015
  5. Chen MM, Roman SA, Sosa JA, Judson BL. Safety of adult tonsillectomy: a population-level analysis of 5968 patients. JAMA Otolaryngol Head Neck Surg 2014;140:197-202.

 


Auteurs

Matthys J.
Vakgroep Huisartsgeneeskunde en Eerstelijnsgezondheidszorg, UGent
COI :

De Meyere M.
Vakgroep Huisartsgeneeskunde en Eerstelijnsgezondheidszorg, UGent
COI :

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