Analyse


Autisme et vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole ?


15 07 2019

Professions de santé

Médecin généraliste, Pharmacien
Analyse de
Hviid A, Hansen JV, Frisch M, Melbye M. Measles, mumps, rubella vaccination and autism: a nationwide cohort study. Ann Intern Med 2019. DOI: 10.7326/M18-2101


Conclusion
Cette vaste étude de cohorte danoise, qui a été menée sérieusement, montre l’absence de lien entre le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et le développement d’un trouble du spectre autistique.


Que disent les guides de pratique clinique ?
La rougeole reste une infection virale grave, qui se transmet de personne à personne. Elle cause une morbidité élevée avec des lésions persistantes et peut entraîner le décès. Le vaccin vivant atténué prévient non seulement la maladie chez la personne vaccinée, mais aussi la dispersion du virus dans la société lorsque le taux de vaccination est suffisamment élevé (> 95%). Ceci est particulièrement important pour la protection des nouveau-nés vulnérables (âgés de moins d’un an) et des personnes immunodéprimées. Étant donné la grande importance d’un taux de vaccination élevé contre la rougeole, l’administration du vaccin doit être recommandée, et les personnes qui ne sont pas suffisamment protégées doivent recevoir une vaccination de rattrapage. Récemment, le schéma de base de la vaccination a été ajusté, et l’âge pour l’administration du deuxième vaccin ROR a été avancé, passant de l’âge de 10 ans à l’âge de 7 à 9 ans. Il existe encore une cohorte d’adultes nés entre 1970 et 1995 qui ne sont pas suffisamment protégés parce qu’ils n’ont pas fait la rougeole avant le début de la vaccination à l’échelle de la population (avant 1985) ou parce qu’ils n’ont pas reçu de rappel à l’âge de 10 ans (après 1985). On peut les protéger en leur administrant deux doses de ROR espacées d’un mois ou bien en leur administrant une injection de rappel.



En 1999, Minerva a traité de deux études (1-3) qui réfutaient le lien supposé entre le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) et les troubles du spectre autistique (4). Avec les récentes épidémies de rougeole dans le monde, ces théories erronées tenaces connaissent néanmoins un regain d’intérêt.

 

Récemment a été publiée une étude de cohorte danoise qui a suivi 657461 enfants nés entre 1999 et le 31 décembre 2010, à partir de l’âge d’1 an jusqu’au 31 août 2013 (5). Pendant 5025754 personne-années, un trouble du spectre autistique a été diagnostiqué chez 6517 enfants (incidence 129,7 par 100000 personne-années). On a calculé un rapport de hasards (hazard ratio, HR) (vacciné ROR versus non vacciné) de 0,93 (avec IC à 95% de 0,85 à 1,02), une correction étant apportée pour tenir compte de l’âge, de l’année de naissance, du sexe, des autres vaccinations, des antécédents familiaux d’autisme et des facteurs de risque d’autisme, tels que l’âge des parents, le tabagisme pendant la grossesse, le mode d’accouchement, la prématurité, le score d’Apgar à 5 minutes, un faible poids à la naissance et le périmètre crânien. Cette étude a ceci de particulier qu’une analyse a été effectuée pour certains sous-groupes. Une augmentation des troubles du spectre autistique n’a pas plus été constatée avec le vaccin ROR dans les sous-groupes avec antécédents familiaux d’autisme ou risque accru d’autisme. Il n’y avait pas non plus de mise en grappe des cas d’autisme au cours de certaines périodes après la vaccination (1re, 2e, 3e, 4e année et plus longtemps après la vaccination).

Ce résultat n’a rien de surprenant, en fait. L’autisme est un trouble du développement qui se manifeste déjà à l’âge d’un an, soit avant la première injection du vaccin ROR (6,7). Ce n’est donc pas le vaccin qui l’explique.

 

Conclusion 

Cette vaste étude de cohorte danoise, qui a été menée sérieusement, montre l’absence de lien entre le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et le développement d’un trouble du spectre autistique.

 

Pour la pratique

La rougeole reste une infection virale grave, qui se transmet de personne à personne. Elle cause une morbidité élevée avec des lésions persistantes et peut entraîner le décès. Le vaccin vivant atténué prévient non seulement la maladie chez la personne vaccinée, mais aussi la dispersion du virus dans la société lorsque le taux de vaccination est suffisamment élevé (> 95%) (8). Ceci est particulièrement important pour la protection des nouveau-nés vulnérables (âgés de moins d’un an) et des personnes immunodéprimées. Étant donné la grande importance d’un taux de vaccination élevé contre la rougeole, l’administration du vaccin doit être recommandée, et les personnes qui ne sont pas suffisamment protégées doivent recevoir une vaccination de rattrapage. Récemment, le schéma de base de la vaccination a été ajusté, et l’âge pour l’administration du deuxième vaccin ROR a été avancé, passant de l’âge de 10 ans à l’âge de 7 à 9 ans (7). Il existe encore une cohorte d’adultes nés entre 1970 et 1995 qui ne sont pas suffisamment protégés parce qu’ils n’ont pas fait la rougeole avant le début de la vaccination à l’échelle de la population (avant 1985) ou parce qu’ils n’ont pas reçu de rappel à l’âge de 10 ans (après 1985). On peut les protéger en leur administrant deux doses de ROR espacées d’un mois ou bien en leur administrant une injection de rappel (9).

 

 

Références 

  1. Lemiengre M. No evidence for measles, mumps, and rubella vaccine-associated inflammatory bowel disease or autism in a 14-year prospective study. Minerva 1999;28(6):254-5.
  2. Peltola H, Patja A, Leinikki P, et al. No evidence for measles, mumps, and rubella vaccine associated inflammatory bowel disease or autism in a 14-year prospective study. Lancet 1998;351:1327-8.  DOI: 10.1016/S0140-6736(98)24018-9
  3. Taylor B, Miller E, Farrington CP, et al. Autism and measels, mumps, and rubella vaccine: no epidemiological evidence for a causal association. Lancet 1999;353:2026-9. DOI: 10.1016/s0140-6736(99)01239-8
  4. Lee JW, Melgaard B, Clements CJ, et al. Autism, inflammatory bowel disease and MMR vaccine. Lancet 1998;351:905-9. DOI: 10.1016/S0140-6736(98)26012-0
  5. Hviid A, Hansen JV, Frisch M, Melbye M. Measles, mumps, rubella vaccination and autism: a nation wide cohort study. Ann Intern Med 2019. DOI: 10.7326/M18-2101
  6. Vaccination contre la Rougeole, la Rubéole et les Oreillons (RRO) - enfants et adolescents - révision 2013. Conseil Supérieur de la Santé. Avis n° 8811.
  7. Calendrier vaccinal de base. Conseil Supérieur de la Santé. Avis n° 9141.
  8. Lo NC, Hotez PJ. Public health and economic consequences of vaccine hesitancy for measles in the United States. JAMA Pediatr 2017;171:887-92. DOI: 10.1001/jamapediatrics.2017.1695
  9. Richtlijn infectieziektebestrijding Vlaanderen – mazelen (mobilli). Agentschap Zorg en Gezondheid. Basistekst LCI 10.2013. Vlaamse versie 03/2019.

Auteurs

Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
COI :

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Commentaires

Dr. Vandensteen - huisarts 30/10/2019 16:25

Quel conseil devons-nous donner aux patients nés entre 1985 et 1995?

Réaction de la rédaction
C'est en 1985 que la généralisation de la vaccination contre la rougeole a été instaurée en Flandre. Jusqu'en 1995, elle consistait en une seule injection à l'âge d'un an. Un rappel à 10-13 ans n'était pas programmé. Cette cohorte, qui n'a reçu qu'une injection, est à risque. La cohorte de 1985 et les suivantes étaient certes éligibles pour un rappel à 10 ans (dès 1995, donc), mais il est probable que tous les individus concernés n'aient pas reçu cette deuxième dose. En cas de doute sur le statut vaccinal d'un individu issu de cette cohorte (absence de données sur le nombre de doses de vaccin RRO reçues), le taux d'anticorps peut être déterminé. Ceci est également valable pour les personnes plus âgées non vaccinées et qui doutent d'avoir contracté la rougeole.