Suites en bref...

NDLR : cette analyse n’aborde pas l’utilité d’un dépistage de masse.

La revue Minerva vous a déjà présenté une analyse (1) d’une étude évaluant de manière comparative 3 méthodes d’imagerie dans la détection de polypes coliques de grande taille et du cancer colorectal dans une cohorte de patients à haut risque : cette étude (2) montrait une sensibilité et une spécificité supérieures de la coloscopie versus lavement baryté avec double contraste et versus tomographie computérisée multibarette en deux dimensions (sans permettre de situer l’intérêt et la place de la recherche de sang occulte dans les selles). Une synthèse méthodique avec évaluation économique (3), évalue plus précisément l’intérêt de la tomographie computérisée du colon en termes de sensibilité et de spécificité pour la détection de polypes et de cancer colorectal versus colonoscopie. Elle ne donne pas d’évaluation versus hémocult. Les études étant hétérogènes, rares et avec des données insuffisantes, seule une synthèse qualitative a pu être réalisée. La tomographie computérisée semble de sensibilité et de spécificité inférieures pour la détection de polypes inférieurs à 10 mm mais équivalentes pour le dépistage du cancer colorectal et des polypes d’au moins 10 mm. Les auteurs concluent qu’un dépistage par colonoscopie est celui qui a le meilleur rapport coût-efficacité, étant celui qui apporte le meilleur gain en QALY malgré un coût plus élevé (40$ par patient). Soulignons que les auteurs signalent eux-mêmes la faiblesse des études cliniques. Pour la Belgique, le Centre Fédéral d’Expertise des soins de santé concluait (4) : « Il n’existe des preuves suffisantes de haute qualité que le dépistage réduit la mortalité liée au cancer colorectal que pour le gFOBT [NDLR : gaïac Fecal Occult Blood Test ou recherche de sang occulte dans les selles par gaïac]. La diminution estimée de cette mortalité est d’environ 15% dans les méta-analyses des essais contrôlés randomisés (RCT). Pour les autres techniques qui peuvent être considérées comme tests de dépistage primaires comme le iFOBT (immunochemical FOBT), la sigmoïdoscopie flexible, la coloscopie, la coloscopie virtuelle et la détection de l’ADN dans les selles, il n’y a pas encore actuellement de données probantes directes garantissant que le dépistage de masse réduise la mortalité liée au cancer colorectal ».

Conclusion

Cette synthèse conclut que la tomographie computérisée colorectale est aussi performante que la coloscopie pour le dépistage du cancer colorectal et des polypes d’au moins 10 mm mais moins pour les polypes plus petits. La faiblesse et l’hétérogénéité des sources ne peuvent remettre en question les recommandations belges.

Références

1. De Jonghe M, Chevalier P. Lavement baryté, scanner ou coloscopie pour le dépistage du cancer colorectal ? MinervaF 2006;5(9):137-40.
2. Rockey DC, Paulson E, Niedzwiecki D, et al. Analysis of air contrast barium enema, computed tomographic colonography, and colonoscopy: prospective comparison. Lancet 2005;365:305-11.
3. Ho C, Heitman S, Membe SK, et al. Computed tomographic colonography for colorectal cancer screening in an average risk population: Systematic review and economic evaluation [Technology report number 114]. Ottawa: Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health; 2008.
4. De Laet C, Neyt M, Vinck I, et al. Health Technology Assessment. Dépistage du cancer colorectal : connaissances scientifiques actuelles et impact budgétaire pour la Belgique. Health Technology Assessment (HTA). Bruxelles: Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE); 2006. KCE reports 45 B.